« Nu au divan » (60X50/Huile)

LES RACINES

Roger Thalamy naît le 24 Octobre 1927 à Jouy-le-Potier, dans le Loiret. Très vite, sa famille s’installe en Corrèze, à Bort-les-Orgues. Sa mère tient un café-épicerie-mercerie, son père est facteur. Bort-les-Orgues et ses somptueux paysages marquent l’enfance et l’adolescence du peintre. Il intègre l’A.S. Bort-les Orgues et devient un des piliers de l’équipe de rugby. Il joue avec ferveur et se fait remarquer.

Il aime déjà dessiner, n’importe où, n’importe quand, même pendant les heures de classe : croquis hâtifs, pris sur le vif et dissimulés hâtivement sous le pupitre. Tous ont disparu.

Tout naturellement, il s’oriente vers le dessin industriel et l’ingénierie Travaux Publics. Il trouve sa place dans différents bureaux d’études et cabinets d’architecte qui travaillent pour le bâtiment et les T.P. Il finira par créer sa propre entreprise.

Roger Thalamy aimait se définir comme un peintre autodidacte. « AUTODIDACTE » du grec didaskein, nous dit le Dictionnaire Le Robert, « qui s’est instruit lui-même, sans maître ». Sans maître, peut-être, mais certainement pas sans mentor.

Son premier guide fut son grand-père, charpentier, compagnon du tour de France. Habitué de l’atelier, observateur attentif, Roger Thalamy se familiarise avec le bois, les différentes essences, les outils. Il sculpte et polit un renard en plein mouvement. Il n’a pas dix ans.

Parallèlement à ses études et à sa formation professionnelle, il fait ses gammes de futur artiste. Il dessine, peint, fréquente assidûment les musées, les expositions. Il apprend la maîtrise des lignes, l’harmonie des volumes, les jeux subtils de l’ombre et de la lumière, la beauté des contrastes.

Très vite, il comprend qu’on n’a jamais fini d’apprendre. Et il apprend, avec l’enthousiasme et la fougue d’un chercheur passionné de découvertes. Le rugby lui a enseigné la précision, la rigueur, la justesse du geste. Il n’oublie rien.

L‘EPICURIEUX
LE PLAISIR D‘OBSERVER

La recherche incessante se poursuit, alimentée par une curiosité jamais satisfaite. A force de regarder avec bienveillance ce qui l’entoure, celles et ceux qu’il côtoie, son style s’affirme. La peinture de Roger Thalamy est puissante, toute imprégnée d’une force réfléchie. Il admire Jean Lurçat et s’en nourrit. Il s’essaye à toutes les techniques. Il veut tout connaître, tout expérimenter.

Son métier le cantonne au minéral. Lui veut peindre le vivant. Les hommes, ses frères, les animaux, ses compagnons, la nature qui l’inspire et le comble. Son département d’adoption, le Lot, et singulièrement le nord Quercy sont très présents dans ses tableaux. Il achète une ancienne demeure seigneuriale partiellement en ruines appelée « Château de Cornac », à Cornac, qu’il restaurera lui-même à l’identique. Il y installe son atelier et donne libre cours à sa passion.

Doucement, la maturité arrive et la plénitude de l’homme fait. Riche de tous ses savoirs, de toutes ses rencontres, il peut alors suivre son instinct, obéir à sa sincérité d’homme honnête et sensible. Il donne à voir et à sentir, en invitant le spectateur dans ses tableaux

Roger Thalamy – A.S. Bort-les-Orgues – Numéro 14

« Auto-Portrait » Roger Thalamy (36X24/huile/août 2007)

UN ARTISTE HUMANISTE, PRESENT EN CONSCIENCE

Roger Thalamy arrive dans le Lot en 1965 et s’installe à Cornac car il est coordinateur de travaux sur le chantier EDF de Laval de Cère. Lui qui exposait peu jusqu’alors, expose de plus en plus. Il est primé au 18ème salon d’hiver de Lyon en 1974 et se voit attribuer une médaille d’or « Art et vérité ». Il sera ensuite distingué en France et dans des salons internationaux. Il est présent dans des lieux prestigieux comme la CIA, Place Vendôme et l’avenue de la Grande Armée à Paris, l’Arte Menache de Mexico, le château de Val… Tous les hommages reçus n’interfèrent cependant pas avec sa démarche artistique sereine et laborieuse de recherche permanente. Il travaille 5 à 6 heures par jour dans l’atelier de sa demeure de Cornac.

C’est dans son grenier qu’il charpente solidement sa loi interne pour honorer la vie : vivre en conscience, dans l’humilité, dans l’ouverture à ce qui vient à lui, sans jugement, dans une présence sincère à l’unicité des êtres et des moments, prêt à recevoir ce qui peut advenir dans des instants intègres de confiance, de respect et de liberté. Ces espaces de contact et de rencontre dans la densité de la vie deviennent sa principale préoccupation, sa quête spirituelle. Pleinement disponible à ce qui est, en connexion directe avec ses perceptions, il accueille le monde le coeur ouvert, au-delà des agitations du quotidien. Dans sa simple présence apaisée et profonde, il rend compte de la beauté et de la grâce du monde dans toutes ses manifestations. Il crée ainsi sa part d’harmonie, et la lumière bienveillante de son humanisme se perçoit dans ses thématiques. Quand il peint les femmes, il reconnaît l’égalité des parts masculine et féminine de la psyché humaine. Il confère à ses sujets féminins toute l’indépendance et la liberté au-delà des conditionnements. Il cherche à se rapprocher d’une beauté et d’un sacré que des siècles de civilisation ont tenté d’aliéner. Une beauté puissamment ancrée dans une dimension tant charnelle qu’universelle. Roger Thalamy est en quête de vérités et de l’âme de ce monde. Ainsi, tous les thèmes se valent sans hiérarchie, et les sujets de scènes ordinaires ou extraordinaires sont à ce qu’ils sont et à ce qu’ils font, sans tentative de séduction pour le spectateur. Conscient d’une occasion de relation privilégiée avec ses modèles, il aborde leur lien comme une création dont il prend soin de l’exceptionnalité. Aquarelles, fusain, huiles, sculptures sur bois, toutes les techniques sont autant de moyens pour lui de témoigner du vivant sous toutes ses facettes. Ses touches de couteau anguleuses si spécifiques de sa technique et son travail préalable systématique sur les constructions de perspective traduisent sa vision d’un univers élaboré selon des lois mathématiques, physiques, scientifiques dans lequel la lumière et la couleur révèlent une poésie qui transcende la matérialité. La critique E.Faure-Brac le décrit comme « un artiste complet au trait net et souple, n’enserrant pas la forme, la laissant vivre librement et à la palette sobre sachant s’harmoniser aux sensations qu’il veut transmettre ». Roger Thalamy sur son chemin d’éveil intérieur, par son écoute sensible, cultive un art de vivre et de peindre dans la générosité, en nous donnant à voir, ressentir et partager ses méditations et ses célébrations de la vie.